Dans les rayons des jardineries, on repère souvent des Philodendron au feuillage coloré ou panaché. Pourtant, derrière ces dernières créations, il y a des Philodendron botaniques (des espèces naturelles) tout aussi exceptionnels. C’est le cas du Philodendron squamiferum, notamment à l’origine des célèbres Philodendron ‘Florida’. Pourtant, il n’a pas besoin de feuilles blanches ou bronze pour séduire par sa forme et sa robustesse.
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ToggleGuide express : points essentiels pour jardiniers pressés
Parce que nous n’avons pas toujours le temps de lire un article dans le détail, ou bien que nous cherchons juste une information précise, voici un récapitulatif pour entretenir le Philodendron squamiferum en intérieur. Pour tous les détails et des conseils supplémentaires, n’hésitez pas à poursuivre votre lecture.
Nom scientifique | Philodendron squamiferum |
Nom commun français | Philodendron poilu |
Famille | Aracées |
Origines | Brésil, Guyane française, Suriname |
Dimensions | Jusqu’à 2 m de haut en intérieur, feuilles jusqu’à 50 cm de long |
Exposition | Lumineuse à légèrement tamisée |
Températures | 18-30°C (min : 10°C ; max : 35°C) |
Arrosage | Lorsque le substrat est sec sur les premiers centimètres |
Humidité ambiante | 50 % minimum |
Substrat | Drainant à modérément drainant |
Engrais | Pendant la période de croissance |
Toxicité | Oui |
Multiplication | Bouturage, semis |
Un Philodendron unique et robuste
Le Philodendron squamiferum est une plante originaire des forêts tropicales du Brésil, de la Guyane française et du Suriname. Elle s’est aujourd’hui propagée dans d’autres forêts au climat similaire, en Amérique latine et en Asie, en s’échappant des jardins. Si ce comportement est dangereux pour les écosystèmes envahis, cela témoigne aussi de la robustesse et de la capacité d’adaptation de cette espèce. Deux caractéristiques qui font d’elle une plante d’intérieur très intéressante pour nous.
Des feuilles bien particulières
Souvent, certains Philodendron sont faciles à confondre entre eux. Mais une fois que vous savez quoi regarder, le Philodendron squamiferum est très facile à reconnaître. Ce qu’il faut observer ? Ses feuilles, et plus particulièrement ses pétioles.
Les feuilles de ce Philodendron sont découpées, mais pas comme les feuilles d’un Monstera deliciosa. Non, la découpe est plus complexe. Le limbe, c’est-à-dire la partie charnue de la feuille (la partie verte en gros) se découpe en cinq morceaux et me rappelle la tête d’un dragon stylisée.
Mais le plus unique, sur cette plante, ce sont les pétioles, c’est-à-dire la tige qui rattache la feuille au tronc. Ceux du Philodendron squamiferum sont rougeâtres, surtout quand ils sont jeunes et poilus. Oui, oui, poilus ! C’est ce qui lui vaut le surnom de philodendron poilu.
Sur la surface se développe une sorte de fine membrane qui forme des vaguelettes et des bouclettes, un peu souple sous les doigts. C’est un peu surprenant au début, mais très caractéristique.
Impossible de le confondre avec un autre maintenant !
Feuille de Philodendron squamiferum
Pétiole caractéristique du Philodendron squamiferum
Une liane imposante
Comme beaucoup de Philodendron, il s’agit d’une plante grimpante. Son tronc est assez épais et rigide. Le mien fait à peu près l’épaisseur de mon pouce. Vu que cette tige n’est pas très souple, je vous recommande de le cultiver sur un support, et non en suspension comme nous pouvons le faire avec les Philodendron hederaceum.
Cette plante peut tout à fait se contenter d’un bâton, d’une treille ou d’un tuteur en fibre de coco. Mais vous pouvez aussi lui donner un tuteur à substrat, c’est à vous de voir. Gardez cependant en tête que c’est une plante imposante, qui peut devenir assez lourde. Le support doit être robuste pour ne pas basculer sous son poids.
C’est effectivement un “grand” Philodendron, avec des troncs pouvant mesurer jusqu’à 2 m de haut en intérieur, voire plus si vous pouvez leur donner des conditions de croissance optimales ! Dans la nature, il grimpe le long des troncs d’arbres pour chercher le soleil dans les branches.
Les feuilles aussi sont imposantes : elles peuvent mesurer jusqu’à 50 cm de long sur une plante mature. Celles de mon Philodendron ont déjà atteint, en trois ans de culture à la maison, un généreux 40 cm. Avec une telle taille, elles finissent par faire leur poids. D’où l’importance d’un tuteur solide et d’un pot stable.
Floraison et nectar
La floraison du Philodendron squamiferum est souvent décrite comme rare en intérieur. Je pense surtout que, comme elle a peu d’intérêt, elle passe souvent inaperçue. Mon Philodendron fleurit en effet régulièrement, sans que je fasse quoi que ce soit pour le stimuler. Ses inflorescences sont en forme de spathe (la forme caractéristique des Aracées) de couleur crème. Plus petites et plus discrètes que celle du Philodendron ‘Impérial Red’, elles poussent à la naissance des feuilles, parfois en même temps qu’une nouvelle feuille.
Souvent, il y a des petites perles translucides sur les pétioles ou à l’arrière des feuilles de mon Philodendron squamiferum, un peu comme de la rosée s’était déposée là. Pourtant, si vous les touchez du bout des doigts, ça ressemble plutôt à du sirop. C’est tout à fait normal, il s’agit de nectar extrafloral. Ça n’est pas très utile pour nos plantes en intérieur, puisque cela sert notamment à attirer des insectes dans le but de créer une symbiose, une cohabitation bénéfique. Mais c’est un signe de bonne santé de votre plante !
Le Philodendron squamiferum est celui qui produit le plus de nectar extrafloral dans ma jungle.
Où installer le Philodendron squamiferum à la maison ?
Si vous venez d’adopter ou de recevoir un Philodendron squamiferum, sachez que vous venez d’adopter un bon gros géant. Il est plutôt tolérant, mais sera toujours plus heureux et plus facile à maintenir en bonne santé s’il est cultivé dans de bonnes conditions.
Exposition
Parce que ce sont des plantes de sous-bois dans leur milieu naturel, les Philodendron sont souvent considérés comme des plantes de mi-ombre. Je suis navrée, mais ceci est un mensonge. Au contraire ! Le Philodendron squamiferum, comme tous les Philodendron grimpants, monte à l’assaut des troncs et des branches pour chercher le soleil.
Sous nos latitudes et dans nos appartements, il vaut mieux l’installer à proximité d’une fenêtre bien exposée : orientée vers le sud, l’ouest ou l’est éventuellement et sans filtre. Le mien fait face à une baie vitrée orientée à l’ouest. Il bénéficie de plusieurs heures de soleil direct en fin de journée. Si vous êtes plein sud, vous pouvez le reculer de la fenêtre, d’un mètre environ.
Et si votre Philodendron squamiferum fait de toutes petites feuilles ou ne grandit pas de manière active, surtout pendant la belle saison, c’est qu’il manque de lumière. Déplacez-le vers un endroit plus lumineux ou pensez à investir dans une lampe horticole pour compléter.
Températures
Le Philodendron squamiferum est un frileux, comme beaucoup de nos plantes vertes. Il apprécie des températures entre 18 et 30°C, qu’il retrouve facilement dans nos intérieurs. En dessous de 18°C, il va entrer en dormance en stoppant sa croissance en attendant le retour de la chaleur.
Évitez cependant de l’exposer à des températures inférieures à 10-12°C ! C’est beaucoup trop froid pour lui et peut le tuer.
Avec ces températures, il est tout à fait possible de faire passer la belle saison à votre Philodendron squamiferum au balcon ou dans la véranda. Celui lui permettra de faire le plein de lumière. Attendez que les températures ne redescendent pas en dessous de 15°C minimum la nuit et n’oubliez pas de faire la transition en douceur. Ça serait dommage de brûler ses feuilles.
Une fois habitué au soleil, il pourra passer tout l’été à l’ombre d’un arbre ou d’une autre plante avant de rentrer bien au chaud quand les températures commenceront à redescendre.
Humidité
Le Philodendron squamiferum n’a pas forcément besoin d’une forte humidité ambiante. Il se contente de l’atmosphère classique de nos intérieurs, tant qu’elle ne descend pas en dessous de 50% d’humidité sur du long terme.
Si l’extrémité des feuilles de votre Philodendron squamiferum brunit ou sèche, c’est plus souvent dû à un arrosage insuffisant ou trop irrégulier qu’à un air trop sec. Essayez d’augmenter la fréquence d’arrosage et observez votre plante. Lorsque l’arrosage est suffisamment régulier, les feuilles ne devraient plus s’abîmer de cette manière.
Toxicité
Le Philodendron squamiferum appartient à la famille des Aracées, et comme ses cousines, il est toxique pour les animaux domestiques comme pour les humains. Si vous cohabitez avec des créatures curieuses, installez votre plante de préférence hors d’atteinte pour éviter les accidents.
Par ailleurs, il arrive que la sève soit un peu irritante, si vous avez la peau sensible. C’est aussi valable pour le nectar extrafloral que vous pouvez trouver sur ses pétioles et feuilles. Pensez à porte des gants lorsque vous manipulez votre plante, surtout si vous avez la peau sensible. Et lavez-vous bien les mains par la suite, pour éviter une réaction.
Comment mettre le Philodendron squamiferum en valeur ?
Pour mettre en valeur un Philodendron squamiferum, gardez avant tout à l’esprit qu’il s’agit d’une grande plante. Bien qu’il soit possible de la taille, ses grandes feuilles et longs pétioles prennent une certaine envergure. Il est donc indispensable d’avoir un peu d’espace à lui dédier.
J’aime bien installer le Philodendron squamiferum à l’arrière d’un ensemble de plantes. Grimpant sur son tuteur, il apporte de la hauteur à la composition, et ses longs pétioles permettent à ses feuilles de venir chercher la lumière au-dessus de ses voisines.
Cette disposition permet aussi de cacher le fait qu’il va progressivement perdre ses feuilles du bas. J’expérimente un peu en ce moment sur ce point. J’ai installé un Philodendron hederaceum ‘Lemon lime’ au pied du tuteur, pour qu’il vienne le recouvrir et cacher ce “trou”.
Mais il est aussi tout à fait possible de le cultiver seul sur un meuble. Privilégiez plutôt une potée de plusieurs lianes dans ce cas, pour recouvrir le tuteur et créer un effet de masse. Une liane seule peut paraître un peu vide.
Le Philodendron squamiferum peut devenir assez imposant
Les Philodendron apprécient un peu de soleil direct en débutu ou fin de journée
Comment prendre soin du Philodendron squamiferum en intérieur ?
Le Philodendron squamiferum est une plante qui demande relativement peu d’entretien, en dehors d’un arrosage et d’un tuteurage réguliers. C’est une plante verte résistante, qui tolère facilement quelques erreurs d’apprentissage au début. De quoi ravir les jardiniere.e.s débutant.e.s.
Arrosage
Le Philodendron squamiferum préfère des arrosages copieux, mais il craint les substrats détrempés. Pour savoir quand l’arroser, il vous suffit de l’observer et de tester son terreau. Celui-ci doit être sec sur les premiers centimètres avant d’arroser.
Soyez généreux lors de l’arrosage, surtout lorsqu’il s’agit d’un gros spécimen. Il est nécessaire de bien hydrater toute la motte, ce qui arrive lorsque l’eau s’écoule par les trous de drainage du pot. Il suffira ensuite de vider la soucoupe pour éviter que les racines ne se noient et pourrissent.
Le Philodendron squamiferum n’est pas particulièrement exigeant sur la qualité de l’eau. Il tolère tout à fait l’eau du robinet. En revanche, privilégiez de l’eau à température ambiante, en particulier en hiver. Un choc thermique au niveau des racines peut les abîmer et choquer notre plante.
Enfin, pas de panique si vous oubliez de l’arroser une fois de temps en temps. Bien qu’il ne supporte pas une sécheresse totale.
Rempotage
Le Philodendron squamiferum ne demande pas forcément de rempotage annuel, surtout pour les grands spécimens. Les premières années, c’est un peu différent. Dans tous les cas, c’est la plante qui vous indiquera quand il sera nécessaire de la rempoter.
Côté pot
Le Philodendron squamiferum n’a pas besoin d’un matériau ou d’une forme de pot particulière, notamment quand il est jeune. Cependant, en prenant de l’âge, cette plante devient lourde et risque de faire basculer son pot. Surtout si elle pousse dans une seule direction.
Pour augmenter la stabilité de votre plante, vous pouvez vous tourner vers des pots lourds (terre cuite, céramique, béton…) ou encore, si vous préférez les pots en plastique, opter pour un cache-pot qui fera office de contrepoids.
Dans tous les cas, assurez-vous que votre nouveau pot est percé au fond pour éviter que l’eau n’y stagne et n’étouffe les racines. Quant à la taille du pot, vous pouvez choisir un diamètre supérieur de 2 à 4 cm. Cela devrait suffire une paire d’années.
Côté substrat
Le Philodendron squamiferum fait partie des plantes épiphytes, ou partiellement épiphytes. Il préfère des sols riches, mais légers qui laissent facilement circuler l’eau et l’air.
Il fait partie des premières plantes chez qui j’ai testé un mélange pour Aracées, inspiré des différentes recettes que l’on trouve sur Internet. La transition terreau/mélange pour Aracées a été un peu délicate. Mais il s’y est adapté et ses feuilles sont bien plus imposantes depuis.
Les mélanges pour Aracées varient d’une personne à une autre. Ils comprennent en général au moins 50% d’éléments drainants, ce qui limite le risque de pourriture des racines. Vous pouvez en trouver des tout prêts dans les boutiques spécialisées, ce qui fait gagner pas mal de temps et de place. Ou vous pouvez le faire vous-même. De cette manière, vous pourrez l’adapter à vos préférences.
Si vous préférez faire simple, vous pouvez tout à fait utiliser un terreau pour plantes vertes de bonne qualité. Pensez à y ajouter au moins 10% de perlite pour améliorer son drainage.
Engrais
Le Philodendron squamiferum a une croissance relativement lente pour un Philodendron. C’est pourtant un gourmand, qui a besoin d’apports réguliers de nutriments. Un apport d’engrais régulier pendant toute la saison de croissance permet de répondre ce besoin.
Choisissez un engrais qui convient à vos besoins et à ceux de votre plante, dans sa composition comme dans sa forme. Une fois sélectionnée, suivez toujours les recommandations du fabricant. C’est le dosage qui permettra d’obtenir les meilleurs résultats avec le moins de gaspillage et de risques pour nos plantes.
Maladies et ravageurs
Le Philodendron squamiferum est plutôt résistant. Néanmoins, il arrive d’y trouver des ravageurs, notamment lorsque les conditions de culture ne sont pas optimales depuis un moment. Il est alors possible de trouver des cochenilles farineuses ou des pucerons, particulièrement au niveau des nouvelles feuilles, ou plus rarement des acariens (ou araignées rouges).
Une observation régulière de nos plantes permet de détecter rapidement une possible attaque et d’intervenir rapidement. Plus nous attendons, plus l’attaque fragilisera la plante et sera difficile à endiguer. Elle pourrait aussi se propager à vos autres plantes.
Au-delà d’un entretien correct, une bonne manière de réduire les risques d’invasions est de nettoyer régulière nos plantes d’intérieur. Cela permet aussi de dépoussiérer leurs feuilles, ce qui optimise leur capacité à faire de la photosynthèse et de produire l’énergie nécessaire à leur croissance et à leur bonne santé.
Multiplication
Il existe deux manières de multiplier le Philodendron squamiferum : le semis et le bouturage.
Le semis nécessite de trouver des graines ou, si nous sommes propriétaires d’un Philodendron squamiferum, d’essayer de fertiliser les fleurs. Si cela fonctionne, un fruit se formera et donnera, à maturité, des graines à faire germer (en théorie).
Le bouturage est une méthode de multiplication végétative. Elle nécessite de tailler notre Philodendron squamiferum. Cependant, ce n’est pas vraiment une plante que nous taillons régulièrement, comme nous pourrions le faire avec un pothos doré (Epipremnum aureum) ou un pothos argenté (Scindapsus pictus). Néanmoins, si pour une raison ou une autre, vous êtes amenés à étêter votre plante, sachez que vous pouvez faire raciner la partie coupée dans l’eau ou dans un substrat, pour obtenir une nouvelle plante.
Alors, vous adoptez un Philodendron squamiferum ?
Souvent oublié au profit de variétés plus récentes et colorées, le Philodendron squamiferum est un Philodendron imposant au feuillage original. Sa robustesse en fait une plante idéale pour les débutants.
Le Philodendron squamiferum est pour vous si vous avez de l’espace, une bonne exposition et si vous avez le temps de l’arroser régulièrement. Il tolère quelques écarts et erreurs d’entretien assez facilement.
Si vous avez encore des questions sur l’entretien du Philodendron squamiferum, n’hésitez pas à la poser dans les commentaires ou à me contacter directement. Je vous aiderai avec plaisir.
Et si le Philodendron squamiferum n’est finalement pas la plante de vos rêves, n’hésitez pas à aller découvrir les différentes sélections de plantes d’intérieur de ce blog. Vous allez forcément finir par trouver la plante verte de vos rêves.
Bon jardinage et profitez bien de vos plantes !