Dans ce carnet, nous savons maintenant pourquoi il est indispensable d’arroser nos plantes d’intérieur et que les besoins en eau de nos plantes varient selon de nombreux facteurs. Avoir un planning fixe d’arrosage est donc une aberration ! Il vaut mieux observer nos plantes et leurs sols pour savoir quand les arroser. Il est donc temps de remplir notre arrosoir. Mais nous choisissons quelle eau pour nos plantes d’intérieur ? Faisons un petit tour d’horizon des possibilités qui s’offrent à nous.
Bien arroser nos plantes d’intérieur commence par l’eau que nous utilisons. Si vous pensez que toutes les eaux se valent, détrompez-vous. De la même manière que certains préfèrent la Contrex, la Volvic ou la San Pellegrino, certaines plantes tolèrent plus ou moins bien certaines eaux.
L’eau de pluie, la préférée des jardiniers
Dans la nature, les plantes n’ont pas vraiment le choix sur l’origine de l’eau qu’elles boivent. Il s’agit généralement de l’eau de pluie, et ce n’est pas pour rien qu’elle est la préférée des plantes d’intérieur et des jardiniers.
L’eau de pluie est habituellement de bonne qualité (en dehors des pluies acides). Elle est saine et n’est pas saturée en éléments nocifs pour la santé de nos plantes d’intérieur. L’eau de pluie a aussi l’immense avantage d’être gratuite, à condition de pouvoir la récolter et la stocker correctement.
Si vous en avez la possibilité, privilégiez l’eau de pluie pour l’arrosage des plantes d’intérieur. Elle est adaptée à toutes les plantes, en particulier aux plus fragiles comme les jeunes plantes, les boutures, les orchidées et les épiphytes.
Cependant, elle n’est pas disponible pour tous. Habitant dans un appartement sans terrasse, je n’ai malheureusement pas la possibilité d’en récolter. Ce qui est bien dommage, ça me ferait de sacrées économies !
De plus, l’eau de pluie doit être complémentée. En effet, elle est très pauvre en minéraux, des éléments essentiels à la croissance de nos plantes. Si vous l’utilisez, pensez à régulièrement apporter des engrais ou du compost à vos plantes, afin qu’elles soient nourries correctement.
L’eau osmosée et l'eau déminéralisée, des alternatives pour les plantes fragiles
L’eau osmosée et l’eau déminéralisée sont des eaux produites artificiellement : une partie ou la totalité des minéraux et autres éléments sont supprimés. En fait, c’est plus ou moins de l’eau pure, ce qui en fait une bonne alternative à l’eau de pluie.
L’eau déminéralisée est disponible en bidon dans toutes les grandes surfaces. Vous en avez peut-être même chez vous, pour alimenter votre fer à repasser. L’eau osmosée se trouve plutôt en growshop (les magasins spécialisés dans la culture des plantes hors sol) ou dans certaines animaleries, au rayon aquariophilie.
Comme pour l’eau de pluie, utiliser l’eau osmosée ou l’eau déminéralisée pour nos plantes d’intérieur nécessite de compléter avec un engrais au quotidien. Cela est indispensable pour assurer la bonne santé et la croissance de nos plantes.
Entre son coût, les bidons en plastique à transporter et recycler et l’utilisation indispensable de produits complémentaires, l’eau déminéralisée et l’eau osmosée ne sont pas vraiment une solution viable sur le long terme, surtout si nous avons une grande collection de plantes. C’est cependant une solution si notre eau du robinet n’est pas adaptée (j’en parle juste après), notamment pour les plantes les plus fragiles.
L’eau du robinet, la plus pratique
Une qualité variable
On ne va pas se mentir, c’est la source d’eau la plus simple et pratique pour la majeure partie d’entre nous. Cependant, elle n’est pas toujours suffisamment qualitative pour satisfaire nos plantes d’intérieur.
L’eau du robinet comprend des minéraux, parfois trop, comme le calcaire. Nous parlons alors d’eau dure. Occasionnellement, nous pouvons aussi y retrouver quelques bactéries, souvent dues à de vieilles canalisations en mauvais état. Si vos boutures en eau ne racinent jamais, le coupable est peut-être la qualité de votre eau du robinet.
Si vous avez adopté des plantes d’intérieur qui ne supportent pas le calcaire ou la qualité générale de l’eau du robinet disponible, il faudra trouver une alternative. Ceci dit, faites le test avant. Les Calathea et les Tillandsia par exemple sont réputés pour ne pas supporter le calcaire, mais la plupart des miennes le tolère sans trop de soucis.
Le chlore, ennemi du sol
Le “vrai” souci de l’eau du robinet, c’est le chlore. Ce produit est toujours présent puisqu’il permet de rendre l’eau potable. Néanmoins, son action anti-bactérienne se prolonge aussi dans le sol de nos plantes d’intérieur lors de l’arrosage et y détruit la microfaune et la microflore. Or, ce sont ces microorganismes qui transforment la matière du terreau afin que nos plantes puissent les absorber et s’en nourrir. Nous avons tout intérêt à les garder en vie !
Alors, devons-nous nous passer de l’eau du robinet pour arroser nos plantes ? Non. Dans la majeure partie des cas, tant que nous assurons un renouvellement régulier du sol, des apports de compost ou d’engrais adaptés, nos protégées s’en sortiront très bien.
Mais pour les plus fragiles d’entre elles, il peut suffire de déchlorer notre eau. Si vous en avez la patience, rien ne vous empêche de le faire pour l’intégralité de votre jardin d’intérieur. Vos plantes vous remercieront.
J’essaye de toujours avoir de l’eau déchlorée à disposition pour mes boutures et mes Tillandsia.
L’eau de rivière, de mare ou d’aquarium, improbable mais intéressante
Comme l’eau de pluie, elles ne sont pas disponibles pour tous, mais elles sont très intéressantes pour l’arrosage des plantes d’intérieur. L’eau de rivière ou l’eau d’aquarium sont généralement des eaux saines, dépourvues de produits chimiques qui pourraient être néfastes à nos plantes. À condition, bien sûr, de s’assurer de sa qualité en amont.
Leur avantage majeur sur l’eau de pluie, c’est la présence de matières organiques et de minéraux dans l’eau. Souvent sous forme de particules très fines, voire invisibles à l’œil nu, la matière organique permet de nourrir les microorganismes du sol, qui vont la transformer en éléments nutritifs pour la plante. Plus besoin d’apporter de l’engrais ! Les orchidées et les épiphytes adorent.
Vous avez un aquarium à la maison ? Vous savez maintenant que faire de l’eau lorsque vous le nettoyez. Fini le gaspillage !
L’eau de cuisson, économisons l’eau jusqu’au bout
Pour poursuivre dans la série du recyclage (et des économies d’eau), il est possible d’arroser nos plantes d’intérieur avec nos eaux de cuisson. Avec quelques précautions tout de même.
- L’eau ne doit pas contenir de sel ou de matières grasses (huile, beurre…). Voilà une bonne raison d’arrêter de saler l’eau des pâtes et de soigner votre santé.
- L’eau ne doit pas contenir de produits chimiques ou de vinaigre, ce qui serait néfaste pour la santé de nos plantes. Donc, non, nous ne pouvons pas recycler les eaux de vaisselle pour l’arrosage. En tout cas, pas sans traitement.
- L’eau ne doit pas être chaude. Laissons-la refroidir avant de l’utiliser.
Personnellement, toutes mes eaux de cuisson des œufs, pâtes, cuisson vapeur… sont stockées dans un grand arrosoir pour servir au prochain arrosage.
Quelle eau pour nos plantes d’intérieur : une question de température
Les plantes d’intérieur sont frileuses
Souvent négligée, la température de l’eau d’arrosage est pourtant primordiale. Elle est même plus importante que la qualité de l’eau utilisée, c’est dire. Souvenez-vous, nos plantes d’intérieur sont des plantes d’origine tropicale ou équatoriale. Des régions du globe où il fait chaud toute l’année et où la pluie n’est jamais froide.
Nos petites protégées sont donc des frileuses, et elles n’aiment pas avoir froid aux pieds. Arroser à l’eau froide, en particulier en hiver, quand l’eau du robinet tourne autour de 5°C, c’est aller droit au choc thermique.
En effet, arroser à l’eau trop froide entraine un brutal refroidissement du sol, dont la température est assez stable en intérieur. Les conséquences peuvent aller d’un simple ralentissement de la croissance à la chute de feuilles, l’arrêt d’une floraison, voire à la perte de racines et un pourrissement progressif de la plante, ce qui peut lui être fatal !
Toutes les plantes n’ont pas la même sensibilité au choc thermique. Leur état de santé, la différence de température eau/sol et la fréquence de répétition de ce choc influencent aussi leurs réactions.
Par exemple, arroser exceptionnellement à l’eau froide une plante bien installée comme un gros Spathiphyllum wallisii ne devrait pas lui poser de problèmes. En revanche, arroser à l’eau froide un petit poinsettia (Euphorbia pulcherrima) est une recette parfaite pour le tuer dans la journée. Donc l’astuce d’arroser votre orchidée en déposant des glaçons à son pied ? Vous l’oubliez tout de suite. Je vais venir vous réveiller à coup de glaçons dans le lit, vous m’en direz ce que vous en pensez…
Une eau à température ambiante
Maîtriser l’arrosage de nos plantes d’intérieur commence par l’utilisation d’eau à température ambiante, en particulier en hiver. C’est, à mon sens, le point-clé le plus important. Voici deux manières d’avoir de l’eau à la bonne température pour votre arrosage :
- Laisser poser l’eau dans un récipient pendant quelques heures dans la même pièce que nos plantes. Elle va progressivement atteindre une température similaire. Le temps nécessaire varie selon le volume d’eau et la différence de température. Pour des volumes raisonnables, comme nos arrosoirs, je dirais qu’il faut entre 12 et 24h. L’astuce, c’est de toujours avoir un récipient plein. J’ai, par exemple, un arrosoir de 6L dans la salle de bain, qui ne sert qu’à cela. Et d’abreuvoir secondaire à mon chat. Bon, évidemment, ça ne suffit pas pour l’arrosage général de ma jungle, mais vous comprenez le principe.
- Utiliser de l’eau tempérée directement au robinet. C’est une méthode un peu couteuse, contrairement à la précédente, et qui ne fonctionne qu’avec l’eau du robinet. Mais c’est celle que j’utilise le plus souvent, faute de pouvoir préparer assez d’eau en avance (pour l’instant). Je vise alors une température autour de 18-20°C, assez similaire à celle de mon appartement.
Et si c’est une urgence et que nous n’avons pas d’eau à température ambiante sous la main ? Parfois, arroser est plus important que la qualité de l’arrosage pour la survie de nos plantes. Dans ce cas, utilisons ce que nous avons de disponible et essayons, à l’avenir, d’être un peu plus vigilents.
Alors, vous choisissez quelle eau pour vos plantes d’intérieur ?
Si savoir quand arroser est indispensable pour la bonne santé de nos plantes, opter pour une eau adaptée aussi. Il existe plusieurs solutions parmi lesquelles choisir, en fonction de vos possibilités et de vos préférences.
| Source | Avantages | Inconvénients |
|---|---|---|
| Eau de pluie | Pas de produit chimique Pas de bactérie Gratuite | Pas accessible à tous Nécessite de pouvoir la stocker Compléments indispensables |
| Eau déminéralisée | Pas de produit chimique Pas de bactérie | Payante Compléments indispensables |
| Eau osmosée | Pas de produit chimique Pas de bactérie | Payante Compléments indispensables |
| Eau du robinet | Pratique Généralement sans bactérie | Payante Présence de chlore |
| Eau de rivière ou de mare | Pas de produit chimique Riche en matières organiques Gratuite | Pas accessible à tous Nécessite de pouvoir la stocker |
| Eau d’aquarium | Riche en matières organiques Gratuite (recyclage) | Risque de résidus chimiques Pas accessible à tous |
| Eau de cuisson | Gratuite (recyclage) | Attention aux ajouts éventuels Doit refroidir avant usage Nécessite de pouvoir la stocker |
Vous pouvez bien sûr mixer les sources en fonction des opportunités et de vos besoins. J’utilise principalement de l’eau du robinet, puisque je n’ai accès à de l’eau de pluie, ainsi que toutes mes eaux de cuisson “propres”. Il peut cependant m’arriver d’utiliser de l’eau déminéralisée, notamment pour une plante malade ou fragilisée.
Et vous, vous utilisez quelle eau pour vos plantes d’intérieur ? Partagez vos expériences et vos questions dans les commentaires.
Une fois choisie quelle eau utiliser pour vos plantes d’intérieur, assurez-vous qu’elle est à température ambiante. C’est un détail qui peut sauver la vie de vos plantes les plus frileuses, particulièrement en hiver. Vous voilà prêt pour une séance d’arrosage ! Retrouvez d’autres conseils dans ce carnet de l’apprenti jardinier consacré à l’arrosage. Et n’hésitez pas à vous abonner à la newsletter pour ne rien rater des prochains articles.
Bon jardinage, bon arrosage et profitez bien de vos plantes !
