10 idées reçues sur le rempotage

Si vous avez déjà rempoté une plante, vous avez sûrement entendu toutes sortes de conseils… « Il faut absolument rempoter au printemps », « les billes d’argile au fond du pot, c’est indispensable pour un bon drainage », « Un rempotage régulier remplace l’engrais »… 

Mais ces conseils sont-ils vraiment bons ? Spoiler : pas toujours !

Puisque le printemps approche et que nous sommes toutes et tous en train de préparer nos sacs de terreaux et nos pots, profitons-en pour faire un peu de tri et déconstruire dix idées reçues sur le rempotage.

Le rempotage n'est pas aussi difficile qu'il ny parait.

Faux !

C’est une idée reçue qui nous vient vraisemblablement du jardinage en extérieur, qui dépend effectivement des saisons. En intérieur, nos plantes grandissent plus ou moins toute l’année, et nous pouvons les rempoter quand elles en ont besoin.

Ceci dit, il est vrai que la période de croissance (printemps/été) est favorable au rempotage. D’abord, cela nous permet de donner à nos plantes la place dont elles auront besoin pour la nouvelle saison. 

Ensuite, comme nos plantes d’intérieur sont en pleine croissance (au contraire de l’hiver où le rythme est plus ralenti), la reprise est plus simple et plus rapide. 

De préférence, faites vos rempotages pendant la belle saison (en dehors des périodes de canicule). Les rempotages hivernaux devraient être réservés aux urgences : sauvetages, nouvelles plantes, oublis de l’été, boutures…

2. Il faut rempoter tous les ans

Vrai et faux.

En réalité, la fréquence de rempotage dépend de chaque plante de son espèce et de ses préférences, de son âge, de son environnement, de sa dynamique de croissance et de sa santé. 

Par exemple, une jeune bouture devra vraisemblablement être rempotée plusieurs fois la première année, comme ce fut le cas pour ma Ctenanthe ‘Golden Mosaic’. Mais une plante bien installée ou à croissance lente ne demandera à être rempotée peut-être que tous les 3-4 ans.

Plutôt que de rempoter systématiquement, il est plus simple d’observer nos plantes vertes. Elles savent parfaitement se faire comprendre lorsqu’elles ont besoin d’un nouveau pot : racines qui dépassent, petites feuilles, croissance ralentie… Vous allez vite repérer celles qui doivent être rempotées ce printemps de celles qui resteraient bien chez elles encore un peu.

3. Il faut absolument utiliser un pot percé

Vrai… dans 99 % des cas.

Utiliser un pot dont le fond est percé assure l’évacuation de l’eau d’arrosage que le sol n’a pas absorbé. Cette évacuation évite tout risque de noyade des racines, du moment bien sûr que votre sol est suffisamment drainé et que vous ne laissez pas l’eau stagner dans la soucoupe ou au fond du cache-pot. 

Il est possible, bien sûr, d’utiliser des récipients non percés en guise de pot. Mais je ne le vous recommande pas si vous débutez en jardinage, si vous avez tendance à avoir la main lourde à l’arrosage ou s’il s’agit d’une plante que vous n’avez pas encore eu l’occasion d’apprivoiser. 

J’ai installé il y a des années une chaîne de cœurs (Ceropegia woodii) dans une théière et elle s’en sort plutôt bien (quand je n’oublie pas de l’arroser). Mais, je triche un peu : c’est une théière en terre cuite non émaillée. Elle estpdoncp oreuse, ce qui facilite le séchage du sol entre deux arrosages.

4. Il faut toujours utiliser des pots transparents

Faux.

C’est une tendance assez récente, que nous voyons beaucoup sur les réseaux sociaux. Ils présentent deux avantages en particulier : 

  • vous permettre de surveiller l’humidité du sol sans y mettre les doigts pour vérifier s’il est temps ou non d’arroser ;
  • vous permettre de surveiller la croissance et l’état de santé des racines sans dépoter. 

Personnellement, je les considère plus comme un outil d’apprentissage. Mais ils deviendront une béquille si vous ne prenez pas aussi le temps d’observer vos plantes pour repérer comment elles évoluent en fonction, justement, de la santé des racines ou de leurs besoins en eau.

Seule exception ! Si vous cultivez vos orchidées en pot, il vaut mieux utiliser des pots transparents. Leurs racines sont aériennes et préfèrent être exposées à la lumière. 

Si vous avez besoin de plus d’explications pour choisir le bon pot pour votre plante, vous trouverez des réponses ici : Comment choisir un pot pour notre plante d’intérieur ?

Je préfère utiliser des pots en terre cuite. Mais chacun est libre de choisir le matériau qui lui convient, du moment que les pots sont percés !

Je préfère utiliser des pots en terre cuite. Mais chacun est libre de choisir le matériau qui lui convient, du moment que les pots sont percés !

5. Il faut impérativement une couche de drainage au fond du pot

Faux.

La couche de drainage, c’est cette couche de billes d’argile au fond du pot qui permettrait de favoriser l’évacuation du surplus d’arrosage. C’est un conseil très répandu, mais les horticulteurs ont longtemps démontré qu’il valait mieux s’en passer. 

Au mieux, cette couche de drainage ne sert à rien puisque votre pot est (normalement) percé, permettant l’évacuation du surplus d’eau d’arrosage. Elle occupe juste un espace qui pourrait être utilisé par du sol et des racines, ce qui réduit le temps entre deux rempotages. 

Au pire, cette couche met en danger les racines !

Il reste toujours un peu d’eau dans la couche inférieure du terreau, au fond du pot.  Imaginez une éponge posée sur le rebord de l’évier : la partie en contact avec la surface reste humide bien plus longtemps que le reste. Avec une couche de drainage, cette zone humide remonte au niveau des racines, augmentant le risque de pourriture. C’est le phénomène de la nappe phréatique perchée.

C’était le sujet de la newsletter du mois dernier. Vous n’êtes pas encore abonné ? Vous pouvez le faire juste ici. La newsletter de Calathea & compagnie, c’est un article exclusif chaque dernier mercredi du mois et des conseils de saison pour aborder sereinement le mois suivant dans votre jungle et au balcon.

6. On peut rempoter toutes nos plantes dans le même terreau

Faux !

On pourrait penser qu’un terreau à plantes vertes conviendrait pour toutes nos plantes vertes. Mais elles ont des besoins différents selon leurs milieux d’origine. Il est donc important d’adapter le sol aux besoins de chaque plante d’intérieur.

Heureusement, pour une grande partie d’entre elles, un mélange de terreau pour plantes vertes de bonne qualité et de perlite (ou autres éléments drainants) peut suffire. La proportion terreau/perlite devra être adaptée selon les plantes et vos conditions de culture. 

Pour vous donner une idée, vous pourriez partir sur ces proportions : 

  • 70 % de terreau et 30 % de perlite pour les Philodendron et les Monstera
  • 85 % de terreau et 15 % de perlite pour les Calathea et les fougères
  • 50 % de terreau et 50 % de perlite, voire 30 % de terreau et 70 % de perlite pour les succulentes comme les Sansevieria et les Crassula ou les cactus.

En revanche, les orchidées et autres plantes épiphytes (celles qui vivent accrochées dans les arbres) ne doivent pas être rempotées dans du terreau ! Elles préfèrent un mélange pour orchidées, souvent composé d’un mélange d’écorces de pin et de sphaigne.

7. Il est indispensable de faire ses propres mélanges

Faux.

Faire ses propres mélanges de substrat est devenu très à la mode ces dernières années. Pourtant, comme nous venons de le voir, le mélange de terreau pour plantes vertes de bonne qualité et de la perlite suffit pour la plupart des plantes d’intérieur « classiques ».

Faire ses propres mélanges à plusieurs avantages, notamment de pouvoir adapter le sol à chacune de nos plantes et à nos propres préférences. Ainsi, chaque jardinier a ainsi ses propres recettes et ses ingrédients préférés.

Je vous partagerai les miennes sur le blog, en vous expliquant pourquoi j’ai choisi tel composant et ce que j’observe comme conséquence sur mes plantes. 

Il y a aussi des inconvénients à cette pratique, à commencer par le coût, la place pour tout stocker et la nécessité de connaître les composants. Et il y a une période d’expériences et d’adaptation à prendre en compte, avec des risques d’échec de rempotage plus élevés qu’en temps normal.

8. Le rempotage annuel remplace l’engrais

Faux.

Je sais que des jardinières et des jardiniers pratiquent de cette manière, en espérant être le plus « naturel » possible avec leurs plantes. Cela part d’une belle intention, mais j’y vois deux limites. 

Déjà, un rempotage, ça n’a rien de naturel pour la plante. Dans la nature, ses racines ne sont pas manipulées régulièrement. 

Ensuite, on estime qu’un terreau neuf assure 6 à 8 semaines d’alimentation de nos plantes. Donc, deux moins après le rempotage, il faudrait recommencer la manœuvre pour continuer d’assurer une alimentation suffisante à nos plantes pour assurer leur croissance… ou leur apporter de l’engrais. 

Il n’est pas nécessaire d’apporter un engrais de synthèse, si c’est cela qui vous dérange. Un apport de compost, d’humus ou même les purins font partie des engrais, à condition que votre sol soit en état de transformer cette matière organique pour qu’elle devienne absorbable par la plante. 

Cela veut aussi dire qu’il ne faut pas apporter d’engrais dans les deux mois qui suivent le rempotage, sauf éventuellement les engrais à diffusion lente qui se mélangent au terreau au moment du rempotage.

9. Il faut toujours choisir un pot plus grand

Vrai et faux.

Tous les rempotages ne sont pas réalisés pour donner plus de place à nos plantes d’intérieur. Parfois, nous devons rempoter à la suite de la perte d’une partie des racines, il nous faut donc un pot plus petit. Ou bien, nous voulons retirer un sol trop vieux ou non adapté et nous garderons un pot de taille similaire. 

La taille du pot doit toujours être adaptée à notre plante et sa croissance. Attention aussi à ne pas prendre un pot trop grand. Il vaut mieux rempoter une même plante plusieurs fois dans la saison que de favoriser la noyade de notre plante juste parce qu’on voulait gagner du temps et éviter un rempotage supplémentaire dans deux ou trois mois.

Rempoter ne signifie pas forcément un pot plus grand. Cela dépend des besoins de la plante à ce moment précis.

Rempoter ne signifie pas forcément un pot plus grand. Cela dépend des besoins de la plante à ce moment précis.

10. Il faut toujours enlever l’ancien sol lors d’un rempotage

Faux.

S’il s’agit d’un rempotage de routine, c’est-à-dire simplement pour donner plus de place à notre plante verte, il n’est pas nécessaire de retirer l’ancien sol (qu’on appelle substrat dans le jargon des jardiniers). Je suis même partisane de ne pas du tout toucher à la motte et aux racines si ce n’est pas indispensable. Les plantes n’aiment pas trop qu’on les dérange à cet endroit-là.

Retirer totalement le sol se fait uniquement lorsqu’il n’est pas adapté, qu’il est dégradé ou bien que vous changez cette plante de type de substrat. Par exemple, je retire toute la sphaigne des boutures que je reçois lorsque je les bascule en terreau.

Prêt à rempoter ?

Le rempotage est toujours la source d’inquiétudes, de questions et de conseils plus ou moins bien avisés. Pourtant, ce n’est pas si compliqué.

En réalité, rempoter demande les mêmes règles qu’arroser : il ne suit pas un calendrier et doit être adapté aux besoins de nos plantes, que ce soit le pot, le sol ou la fréquence. Oublions les idées reçues et observons nos plantes pour nous concentrer sur ce qui fonctionne vraiment pour elles et pour nous. 

J’espère que cette petite sélection d’idées reçues déconstruites vous permet d’y voir un peu plus clair dans votre expérience de jardinier. Il en existe d’autres, bien sûr, et je ferai bientôt une suite à cet article. 

D’ailleurs, est-ce que vous avez déjà appliqué certaines de ces idées ? Ou bien, vous en connaissez d’autres sur lesquelles vous souhaitez que je fasse le point ? Dites-moi tout dans les commentaires, je suis curieuse de savoir ce qui circule dans le monde du jardinage d’intérieur ! 

Bon jardinage et profitez bien de vos plantes !

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