Je suis incapable de conserver une fougère capillaire (Adiatum sp.) dans pleine forme sans une oya.

Oya : un outil magique pour les plantes d’intérieur ?

Depuis quelques années, les oyas sont devenues très à la mode. Au potager, au balcon ou pour les plantes d’intérieur, on en trouve aujourd’hui de toutes les tailles, de toutes les formes et presque de toutes les couleurs. Mais est-ce que l’oya est aussi magique qu’on le dit ?

L’oya, parfois écrit olla, n’est pas une invention moderne. C’est un système d’irrigation très ancien (au moins 4 000 ans !), dont des vestiges ont été retrouvés notamment en Iran, en Chine et à Rome. Il est probable que ce système se soit développé sur toute la planète.

L’oya est un pot en terre cuite nue, c’est-à-dire sans vernis ni émail. Plantées dans un champ, les oyas constituent une réserve d’eau disponible pour les plantes les plus proches à mesure de leurs besoins. Un système de micro-irrigation assez similaire, finalement, au goutte-à-goutte moderne.

Cette pratique est encore utilisée en agriculture, notamment en Asie ou en Afrique, dans les zones où la mécanisation ne s’est pas développée. 

Aujourd’hui, alors que nous avons pris conscience de la limite de nos ressources en eau douce, l’oya est revenue sur le devant de la scène comme l’outil magique des jardiniers pour l’arrosage et les économies d’eau. Au point que l’oya a maintenant sa place dans le rayon arrosage des jardineries, à côté des tuyaux.

Oya : magie ou moquerie ?

Les dernières publicités que j’ai pu voir sur les oyas le vendent comme un outil magique. “Vous n’avez pas la main verte ? Pas de souci, installez une oya dans le pot de votre plante et voilà ! Votre plante ne mourra plus.”

Au-delà de la fausse idée de la main verte (tout le monde peut l’avoir, ce n’est pas une capacité innée, cela s’apprend, comme la cuisine et les maths), ce discours me dérange parce que non ! Ce n’est pas comme ça que ça marche.

Fonctionnement d’une oya

Une oya, nous l’avons vu plus haut, est fabriquée en terre cuite non vernie ou émaillée, c’est-à-dire un matériau poreux. Si vos plantes sont dans des pots en terre cuite, vous avez déjà dû le remarquer. Lors d’un bon arrosage, la surface du pot devient plus sombre et légèrement humide. C’est la porosité du matériau qui laisse ressortir l’eau. 

Dans le cas du pot, l’eau se retrouve au contact de l’air et s’évapore. C’est pour cela que le substrat des pots en terre cuite sèche plus rapidement. Mais dans le cas de l’oya, cette partie humide se retrouve au contact du substrat. Et si le substrat est sec, que se passe-t-il ? Il va absorber l’eau, tout simplement. Et cette eau se retrouvera disponible pour les racines à proximité. 

Expliqué comme ça, il faut avouer que ça parait magique. Imaginez un réservoir d’eau qui arrose vos plantes à votre place ? Mais, parce que la magie n’existe (malheureusement) pas dans notre monde, ce n’est pas aussi pratique que ça.

Les limites

La capacité de notre substrat à absorber l’eau sur la surface de l’oya est assez limitée. Bien sûr, cela varie selon la nature de votre substrat. Mais dans l’absolu, votre oya ne peut irriguer qu’une partie de votre substrat. Cela a deux conséquences : 

  • soit une partie des racines n’est pas arrosée,
  • soit une partie du pot n’est pas utilisée par la plante, qui va naturellement développer ses racines autour de l’oya.  

Évidemment, plus l’oya est large, plus la partie de substrat humidifiée est importante, mais cela veut dire moins de place pour la plante.

Pour nous, qui cultivons nos plantes tropicales dans des pots de taille déjà assez limitée, c’est réduire l’espace disponible de la plante et donc ralentir sa croissance et/ou la cantonner à une petite taille. Sur un Monstera deliciosa ou un Alocasia ‘Regal Shield’, ça serait franchement dommage, non ? 

Ceci dit, l’oya n’est pas une escroquerie, loin de là. C’est un outil très intéressant si vous vous en servez correctement.

Bien se servir de l’oya avec des plantes d’intérieur

Une oya ne remplace pas un arrosage

C’est la première chose à retenir. Même avec une oya, vous êtes obligé.e d’arroser vos plantes vertes. Cela permet de réhydrater toute la motte et toutes les racines, permettant à votre plante d’utiliser tout l’espace à sa disposition.

En revanche, l’oya est super utile pour espacer les arrosages. Prenons par exemple ma grande fleur de lune (Spathiphyllum wallisii). Madame, malgré son grand pot émaillé (un matériau qui limite l’évaporation au niveau du sol), a soif très souvent. Trop souvent par rapport à mon rythme de vie. Je lui ai donc installé une oya il y a quelques années. Cette réserve prend le relai après l’arrosage, un peu comme une perfusion, ce qui lui permet de tenir plus longtemps et de se caler sur les besoins de ses voisines. 

Ça fait aussi de l’oya un allié quand vous partez en vacances. Un bon arrosage, une oya bien remplie et hop ! Vous êtes tranquille pendant une bonne semaine, voire plus.

La fleur de Lune ou Spathyphillum wallisii est une plante d'intérieur qui montre facilement lorsqu'elle a soif
L'oya, ma solution pour ne pas arroser ma fleur de Lune tous les jours (ou presque).

Une oya permet à cette fleur de Lune (Spathiphyllum wallisii) de tenir plus longtemps entre deux arrosages.

Toutes les plantes n’ont pas besoin d’une oya

L’oya est aussi très utile si vous avez des plantes dont le substrat doit rester humide, comme les fougères, les Calathea ou les Alocasia. Pour être tout à fait honnête, je suis incapable de conserver une fougère capillaire (Adiatum sp.) dans pleine forme sans une oya. 

C’est aussi très utile pour les plantes très gourmandes en eau. J’utilise des oyas enterrées au balcon, dans mes bacs potagers, pour les tomates. Non seulement, de cette manière, elles ont toujours une réserve d’eau à disposition (ce qui m’évite de les arroser tous les matins en cas de canicule). Mais, comme cette réserve est sous le sol, l’eau ne s’évapore pas dans l’air sans avoir atteint mes plantes. Il est estimé que l’on peut faire, de cette manière, jusqu’à 75% d’économie d’eau !

Je suis incapable de conserver une fougère capillaire (Adiatum sp.) dans pleine forme sans une oya.

Je suis incapable de conserver une fougère capillaire (Adiatum sp.) dans pleine forme sans une oya. 

Tous mes pots potagers sont équipés d'oyas en été, pour faciliter l'arrosage et faire des économies d'eau.

Les tomates et le basilic sont des plantes très gourmandes en eau. Les oyas enterrées sont ma solution miracle pour ne pas passer l’été à les arroser.

Par contre, il y a des plantes qui préfèrent avoir un sol sec, avec un arrosage de temps en temps, en particulier les succulentes et les cactées. Si leur substrat reste humide sur le long terme, comme cela serait le cas avec une oya, leurs racines pourriraient très rapidement. Adieu petit cactus ! 

Prenez donc bien le temps de vérifier les besoins de votre plante avant de lui donner une oya.

Choisissez la bonne oya

Il existe deux formats d’oya : 

  • les oyas à enterrer, la forme traditionnelle, sont ceux qui offrent la meilleure capacité d’irrigation et d’économies d’eau, mais ils prennent beaucoup de place dans les pots ;
  • les oyas à planter sont une invention plus récente et destinée aux plantes en pots ou en jardinières. Le réservoir est en dehors de la terre, ce qui laisse plus de place aux racines. En revanche, une partie de l’eau s’évapore par la surface du réservoir. 
Il existe des oyas de forme et de taille différentes, selon les besoins

Il existe plusieurs formes d’oyas, que ce soit des oyas à enterrer ou des oyas à planter

Pour pallier le point faible des oyas à planter, certains artisans les émaillent, laissant uniquement la pointe (la partie dans le sol) nue. De cette manière, le réservoir devient imperméable et vous avez l’embarras du choix sur la couleur, le motif… De quoi s’harmoniser avec votre décor ou votre plante. 

Enfin, au-delà de la forme de l’oya, faites aussi attention à sa taille. Plus il est petit, plus la surface qu’il irrigue est réduite et plus il faudra le remplir régulièrement. Il existe des oyas à planter minuscules (0,2 L) pour les petits pots jusqu’aux oyas à enterrer de plus d’une dizaine de litres pour les arbres en pleine terre. Pour savoir quelle taille choisir, suivez bien les recommandations des fabricants. 

Est-ce que vous adoptez une oya dans votre panoplie de jardinier ?

L’oya est un système d’irrigation qui a fait ses preuves, puisque nous continuons de l’utiliser 4000 ans plus tard. Mais il faut comprendre qu’il ne remplace pas un arrosage et qu’il n’est pas adapté à toutes les plantes. 

Personnellement, il m’est indispensable pour les tomates et les fougères délicates ou pour plantes en haut de la bibliothèque que j’ai tendance à les oublier. Si c’est aussi votre cas, ou si vous avez des plantes dans des espaces où vous passez rarement, une oya peut tout à fait éviter un stress hydrique (des coups de soif récurrents) à votre plante. 

Si l’oya vous intéresse, sachez qu’une bonne oya a un certain coût. J’ai investi dans les miens au fur et à mesure des années. C’est donc un budget à prévoir. Mais ça fait aussi une bonne idée cadeau, si vous avez un amoureux/se des plantes parmi vos amis. Et ça tombe bien, c’est bientôt Noël ! 

Si vous avez la moindre question, n’hésitez pas à la laisser dans les commentaires ou à me contacter directement ici ou sur Instagram. Je vous aiderai avec plaisir.

Bon jardinage et profitez bien de vos plantes.

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