Savez-vous que la première cause de mortalité chez les plantes d’intérieur est un mauvais arrosage ? L’arrosage est source de toutes sortes de questions lorsque nous commençons le jardinage ou que nous adoptons une nouvelle plante. Quand dois-je l’arroser ? À quelle fréquence ? Maîtriser l’arrosage des plantes d’intérieur, c’est assurer une grande partie de la survie et la croissance de vos protégées. Cette série d’articles va tenter de répondre aux questions que nous nous posons tous, au cours de notre apprentissage, sur l’arrosage des plantes en pots en général, et sur les subtilités du jardinage d’intérieur.
Les plantes, comme les humains, ont besoin d’eau pour survivre. Il faut dire qu’elles sont composées de 70 à 90 % d’eau, selon les espèces. Cette eau, les plantes la puisent dans le sol ou, pour certaines d’entre elles, dans l’atmosphère. La pluie, le brouillard, ou encore la neige, sont à l’origine de ces ressources.
Or, nous gardons nos plantes tropicales dans nos intérieurs, à l’abri de toute intempérie. C’est à nous de leur apporter toute l’eau nécessaire à leur croissance. Mais à quoi sert cette eau, pour les plantes ?
Indispensable pour la photosynthèse
La photosynthèse, c’est la formule magique des plantes. Grâce à l’énergie du soleil, elles transforment l’eau et le dioxyde de carbone (CO2) en dioxygène (O2) que nous respirons et en glucides. Des sucres donc, qui lui permettent d’assurer son fonctionnement, sa croissance et le développement de nouvelles feuilles, tiges et racines.
Si parfois, vous trouvez des gouttes brillantes et un peu collantes sur les feuilles de vos plantes, c’est justement ça. Du sucre. Un signe que votre plante est en forme !
Transport des minéraux et oligoéléments
En plus de l’eau, votre plante a besoin de minéraux et d’oligoéléments. Exactement comme nous avons besoin de minéraux et de vitamines pour être en bonne santé.
Ces éléments, la plante les trouve principalement dans le sol. Ils sont dissous dans l’eau et absorbés par les racines. L’arrosage est donc indispensable afin que les minéraux et oligoéléments nécessaires à votre plante soient disponibles. En fait, chaque fois que vous arrosez, vous donnez à manger à vos plantes.
Une fois absorbée par les racines, cette eau circule dans la plante. C’est la sève. Elle remonte jusqu’au niveau des feuilles, pour participer à la photosynthèse. Puis, une partie de cette eau redescend, chargée de glucose, pour irriguer le reste de la plante.
En réalité, cela fonctionne comme notre système sanguin, à une exception près. Nous avons une pompe, le cœur, qui assure la circulation du sang. Mais les plantes sont dépourvues de cet organe, qui nous est absolument vital. Comment font-elles ?
Une plante transpire au niveau des feuilles. Elles y possèdent des stomates, c’est-à-dire des trous minuscules, capables de s’ouvrir et de se fermer selon les besoins de la plante. Cela lui permet notamment de rejeter de la vapeur d’eau. Cette perte d’eau entraine un effet d’aspiration. La plante est comme une énorme paille qui aspire l’eau du sol par les racines en continu, ou presque. Il y a des moments où la plante, pour diverses raisons, va aspirer moins d’eau. C’est pour cela qu’il faut être attentif, pour lui apporter juste l’eau qui lui faut, quand il le faut.
Régulation de la température intérieure de la plante
La transpiration par les feuilles, que nous venons d’évoquer, joue aussi un autre rôle. Comme pour nous, elle permet de réguler la température à l’intérieur de la plante, en jouant sur l’ouverture et la fermeture des stomates.
D’ailleurs, savez-vous combien d’eau une plante rejette dans l’atmosphère par ce système ? Beaucoup. Il est estimé qu’une plante rejette environ 98 % de l’eau qu’elle absorbe par les racines. 98 % ! Vous imaginez ? C’est quasiment la totalité de l’eau qu’elle puise dans le sol ! Sachant qu’il lui faut de l’eau pour beaucoup d’autres choses, vous commencez peut-être à comprendre pourquoi arroser correctement est indispensable pour la bonne santé de votre plante.
Cela explique pourquoi, pour augmenter l’humidité ambiante autour de vos plantes, il est recommandé parfois de regrouper vos plantes, tout simplement. En transpirant, elles génèrent un microclimat plus humide autour d’elles. Quand vous avez deux ou trois petites plantes, ce n’est pas vraiment perceptible. Mais imaginez. Vous avez des dizaines de pots. Peut-être 30, 40, ou même 50 plantes dans une seule pièce ! Vous savez ce que ça donne ? 75 -85% d’humidité ambiante. C’est ce que j’ai dans la majeure partie de mon appartement en hiver.
Turgescence des plantes
Enfin, l’eau qui circule dans la plante vient gonfler les cellules qui composent ses tissus. Votre plante est bien redressée, les tiges bien droites vers le ciel. Ses feuilles sont fermes. Ce phénomène s’appelle la turgescence. Il permet à toutes les plantes, hors ligneuses (c’est-à-dire en dehors des plantes qui font du bois – de la lignine – sur leurs tiges) de rester bien droites.
C’est pour cela que, quand une plante a soif, ses feuilles sont un peu pendantes, un peu molles. C’est carrément flagrant chez certaines plantes d’intérieur, comme le Spathyphyllum. Les cellules ont simplement perdu une partie de leur eau. En général, un bon arrosage et hop ! Les cellules se regonflent et la plante se redresse doucement.
N’arrosez pas vos plantes d’intérieur n’importe comment !
L’eau joue énormément de rôles pour la survie et le développement de vos plantes. Un bon arrosage est donc indispensable pour garder vos plantes d’intérieur en bonne santé, et assurer leur croissance dans les mois et les années à venir.
Cependant, toutes les plantes sont différentes. Elles ne s’arrosent donc pas de la même manière.
Des besoins en arrosage variables
Les besoins en eau des plantes varient selon plusieurs critères : la plante elle-même, mais aussi la manière dont vous la cultivez, son emplacement, la saison ou même la météo ! Voilà quelques exemples de variables agissant sur l’arrosage des plantes d’intérieur.
Arrosez selon les origines de votre plante d’intérieur
Les plantes ont évolué au fil des millénaires pour tirer le meilleur parti de leur environnement naturel. Elles ont donc des besoins bien spécifiques pour grandir en bonne santé, notamment au niveau de l’eau disponible. En intérieur, ces conditions de vie sont drastiquement différentes. Mais leurs besoins ne changent pas, ou alors très légèrement. C’est pour cela que vous n’arroserez pas de la même manière une succulente et une fougère.
En fonction de leur milieu d’origine, les besoins en eau varient d’une plante à une autre
Arrosez vos plantes d’intérieur selon leur taille et leur santé
Un enfant ne boit pas la même quantité d’eau qu’un adulte, ni à la même fréquence, n’est-ce pas ? De la même manière, un coureur boit plus d’eau que qu’une personne malade, clouée au lit. Pourquoi je vous dis cela ? Parce que c’est exactement la même chose pour les plantes.
Une toute petite plante, qui tient dans votre main, demandera moins d’eau au moment de l’arrosage que votre énorme Ficus et son pot de 30 L. Par contre, vous arroserez plus régulièrement la petite que la grande. En effet, la quantité d’eau stockée dans le sol lors de l’arrosage est bien moins importante dans le petit pot que le grand.
Les plantes malades, ou celles qui ont subi une attaque au niveau des feuilles ou des racines, seront arrosées de manière différente que si elles étaient en pleine forme. Elles ne fonctionnent pas à plein régime, puisqu’elles se remettent de leur mésaventure.
Arrosez selon les conditions de culture et la saison
L’eau, nous l’avons vu, est un composant essentiel pour le fonctionnement et la croissance des plantes. Mais cela nécessite l’intervention d’autres facteurs en même temps. Il faut du soleil pour que la plante réalise de la photosynthèse. Et une température suffisante pour que la transpiration fonctionne. Selon les situations, votre plante va consommer plus ou moins d’eau.
C’est pour cette raison que votre plante nécessite plus d’eau en été, lorsque les conditions sont réunies pour assurer une bonne photosynthèse. En hiver, la lumière est plus faible et votre plante fonctionne au ralenti, elle consomme beaucoup moins d’eau.
Ajuster votre arrosage à vos plantes d’intérieur
Votre arrosage doit être ajusté en fonction de ces variables, avec une fréquence plus ou moins importante. L’une des erreurs d’arrosage les plus fréquentes est d’arroser trop souvent par rapport aux besoins de la plante. En intérieur, les apports en lumière sont parfois limités (orientation des fenêtres, distance à la fenêtre…). Si votre exposition n’est pas optimale, votre plante nécessitera moins d’eau que les recommandations habituelles.
Jamais de planning d’arrosage fixe !
D’ailleurs, parlons-en, des recommandations d’arrosage ! Le plus souvent, vous verrez dans les livres ou sur les étiquettes de vos plantes, des recommandations du type “arroser tant fois par semaine”. Les suivre à la lettre, c’est le meilleur moyen de tuer vos plantes, généralement par noyade.
Nous venons de le voir ensemble. Les besoins en arrosage de vos plantes d’intérieur varient selon leurs conditions de vie. Considérons une plante tropicale, disons un Monstera deliciosa. Un classique des plantes d’intérieur. Il est habituellement recommandé d’arroser cette plante une fois par semaine. Pourtant, selon la taille et l’emplacement de votre plante ainsi que les conditions de culture, cela peut être trop souvent, ou pas assez. Et surtout, cela change au cours de l’année.
J’ai un (relativement) gros Monstera deliciosa dans ma salle de bain, exposé plein ouest. En été, je l’arrose généreusement environ deux fois par semaine. En hiver, je peux espacer les arrosages à une fois tous les 8-10 jours, voire plus si la météo est pluvieuse. Ce qui est assez courant en Normandie, j’avoue. Mais, j’ai aussi un petit Monstera deliciosa, que j’arrose plus fréquemment. Son pot plus petit conserve moins d’eau disponible. Ensuite, il est installé au bureau, avec une exposition totalement différente et une atmosphère beaucoup plus sèche.
Quelques repères dans l’arrosage des plantes d’intérieur
L’arrosage des plantes d’intérieur ne suit donc pas un planning fixe. Vous devez observer votre plante pour savoir si et quand elle a besoin d’eau. Cela peut paraître un peu fastidieux au début. Mais à mesure que vous allez faire connaissance avec vos plantes, vous allez trouver le bon rythme et vous saurez comment ajuster l’arrosage en fonction des saisons.
Le meilleur moyen de savoir quand arroser votre plante d’intérieur, c’est de lui demander. Oui, je sais, vous ne parlez pas (encore !) le langage des plantes. Pourtant, si vous les observez, elles vous donneront des indices. Certaines sont même plus expressives que d’autres. Je les appelle généralement les drama queens. Au moindre manque d’eau, elles laissent pendre leurs feuilles de manière dramatique ou s’enroulent sur elles-mêmes.
Cette jolie Ctenanthe lubbersiana ‘Golden Mosaic’ est très expressive quand elle a soif (à gauche). Vous voyez comment ses feuilles s’enroulent par rapport à son port habituel (à droite) ?
Le signe qui ne trompe jamais, c’est le sol. Plus une plante est issue d’un milieu humide, moins son sol doit sécher. Tâter le sol du bout des doigts vous indiquera tout de suite si, oui ou non, vous devez l’arroser.
Toutes les plantes sont différentes, avec des besoins spécifiques à l’espèce ou la variété, et même parfois selon l’individu ! J’ai par exemple un pothos doré, que j’ai bouturé des dizaines de fois. La plante mère, étonnement, ne boit pas autant que les boutures, y compris celles qui ont déjà 4 ou 5 ans.
Malgré tout, voici quelques repères pour vous guider, le temps d’effectuer vos recherches et de faire connaissance avec votre protégée.
- Les plantes succulentes et les cactées sont issues de milieux arides. Arrosez-les quand tout le sol est sec.
- Les plantes tropicales (comme les Monstera, Philodendron, etc.) sont issues le plus souvent de forêts tropicales. Arrosez-les quand le sol est sec en surface.
- Les fougères et les plantes de milieux humides (Papyrus, Oxalis, Colocasia, etc.) demandent une humidité constante au niveau du sol. Ne le laissez pas sécher.
- Les orchidées et les Tillandsia sont des épiphytes. C’est-à-dire qu’elles ne vivent pas sur le sol, mais accrochées dans les arbres, sans terre. Elles absorbent l’humidité de l’air et s’arrosent notamment par vaporisation.
Au programme dans ce carnet
L’eau, et donc l’arrosage, est indispensable à la survie de vos plantes d’intérieur. Maîtriser l’arrosage, c’est vous assurer d’apporter l’eau qu’il faut à vos protégées pour vivre et grandir.
L’arrosage des plantes d’intérieur, ou plus globalement des plantes en pot, est un sujet un peu complexe. Ce carnet de l’apprenti jardinier va rassembler plusieurs articles pour répondre à toutes les questions que vous vous posez. Notamment :
- comprendre ce qui influence les besoins en eau d’une plante,
- savoir quand il faut arroser,
- quelle eau choisir pour l’arrosage de nos plantes d’intérieur ;
- cinq méthodes d’arrosage ;
- et plus encore…
Cette série d’articles restera ouverte. Si vous avez la moindre question au sujet de l’arrosage des plantes d’intérieur ou même en général, n’hésitez pas à la poser dans les commentaires. Elle pourra servir à compléter l’un des articles, ou à en créer un nouveau pour y répondre pleinement.
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En attendant, je vous souhaite un bon jardinage et de profiter de vos plantes !
