3 manières de multiplier la chaîne de cœur [TUTO]

Ma chaîne de cœur (Ceropegia woodii) commence à être un peu envahissante. Elle est suspendue à la tringle à rideau, devant la baie vitrée, mais ses lianes ne sont pas loin d’atteindre le sol. C’est très beau, mais absolument pas pratique ! C’est avec regret (mais détermination) que j’ai attrapé ma paire de ciseaux pour la tailler. Attention, je ne vais pas tout jeter. Loin de là ! Venez, je vais vous montrer comment multiplier la chaîne de cœur, pour avoir de nouvelles plantes à la maison ou à offrir.

La chaîne de cœur est une plante retombante gracieuse et facile à multiplier

Quand on parle de multiplication de plantes, on peut parler de deux choses différentes. La reproduction sexuée, celle que nous avons tous(tes) appris à l’école, avec les fleurs, les abeilles et les graines. 

Mais les plantes n’ont, pour la plupart d’entre elles, pas nécessairement de passer par là pour se multiplier. Elles ont la capacité de se cloner à partir d’un morceau de tronc, de tige ou même, pour certaines espèces comme les bégonias, de feuille. Magique n’est-ce pas ?

La nature s’en sert comme moyen de survie, mais ce n’est pas sa manière préférée de fonctionner. La multiplication végétative ne permet pas le brassage des gènes, ce qui affaiblit l’espèce dans sa globalité et peut lui nuire sur le long terme.

Mais les horticulteurs l’adorent, car elle permet d’isoler et de multiplier une forme génétique particulière. Comment croyez-vous que l’on arrive à trouver autant de plantes panachées quand on sait qu’il s’agit normalement d’une anomalie ? 

Personnellement, je l’adore parce que je trouve cela absolument magique ! Peut-être aussi parce que je n’ai absolument pas la patience d’attendre que ma plante fasse des fleurs, puis des fruits, puis des graines, puis de faire germer les graines… C’est assez simple à mettre en place à la maison, promis. 

Bouturer la chaîne de cœur en eau

Le bouturage en eau, c’est la multiplication d’une section de plante, de tige plus précisément, dans l’eau. Exactement comme un bouquet ! C’est probablement la méthode la plus fascinante, puisque l’on peut observer le développement des racines à l’œil nu. Si vous avez des enfants, ils vont adorer les regarder.

Je m’en sers au quotidien : une tige trop longue ou une tige cassée ? Allez hop ! Ça part en bouturage dans l’eau. J’ai toujours plusieurs fioles et bocaux de boutures en cours et toute une collection de récipients de disponible “au cas où”.

Matériel

Cette méthode demande peu de matériel et vous avez déjà tout ce qu’il faut à la maison. Il vous faudra : 

  • une chaîne de cœur en pleine forme (sauf s’il s’agit d’un sauvetage) ;
  • un sécateur ou une paire de ciseaux bien aiguisée (pour une coupe nette) et désinfectée (pour éviter toute contamination venant d’une autre plante) ;
  • un récipient qui servira de “vase” pour les boutures. N’hésitez pas à recycler vos bocaux, ça fonctionne parfaitement et vous aurez forcément un pot à la taille de vos boutures ;
  • de l’eau à température ambiante, de préférence de l’eau de pluie ou déchlorée.

Mode d’emploi

1. Le prélèvement et la préparation des boutures

Il faut choisir une ou plusieurs tiges, que vous allez couper juste en dessous d’un nœud. Les nœuds sont les petits bourrelets le long des tiges, là où sortent les feuilles. C’est aussi à cet endroit-là que pousseront les futures racines et tiges de notre nouvelle plante. Et, dans le cas particulier du Ceropegia woodii, c’est aussi là que se développent les caudex, ces petites boules gris-beige qui constituent des réserves pour la plante. Rassurez-vous, ce n’est pas parce qu’il a un caudex que ce nœud ne fera pas de racines, au contraire !

Une fois la tige coupée, faites bien attention à son sens de pousse. Vous n’aimeriez pas devoir rester la tête en bas pendant des semaines ? C’est pareil pour votre bouture. La reprise sera bien plus simple si elle est dans le bon sens. 

Vous allez découper votre tige en plusieurs morceaux, avec chacun au moins deux nœuds. Ça multiplie les chances de reprise, puisque tous les nœuds ne vont pas forcément s’enraciner. Et oui, le bouturage, c’est magique. Mais ça ne marche pas à tous les coups.

Couper une tige de chaîne de cœur entre deux paires de feuilles pour prélever les boutures

Pour prélever une bouture, coupez la tige entre deux nœuds, c’est-à-dire entre deux paires de feuilles

Conservez deux nœuds par bouture pour optimiser les chances de reprise

Pour prélever une bouture, coupez la tige entre deux nœuds, c’est-à-dire entre deux paires de feuilles

2. La mise en eau

Vos boutures sont presque prêtes. J’aime bien les laisser quelques minutes (un bon quart d’heure) à l’air libre. Ça permet aux tiges de sécher au niveau des plaies. Ce n’est pas indispensable, mais cette cicatrisation (un peu comme la croûte sur nos plaies) réduit les risques de pourriture. 

Quand les plaies sont sèches, c’est l’heure du plongeon ! Remplissez le récipient de votre choix avec de l’eau non chlorée et à température ambiante, puis installez vos boutures comme dans un vase, tête en haut. 

Attention, seule la partie inférieure des tiges doit être dans l’eau, avec au moins un nœud sous l’eau. C’est la partie qui va s’enraciner. Les nouvelles tiges partiront depuis le nœud au-dessus du niveau de l’eau. N’hésitez pas à changer de récipient si le vôtre est trop grand. 

Vous pouvez ajouter quelques gouttes d’un stimulateur racinaire ou tremper les tiges dans des hormones de croissance pour aider à la reprise, mais ce n’est pas indispensable. Comme ce sont des produits assez coûteux, je préfère les réserver aux plantes réputées pour être difficiles à multiplier, ce qui n’est pas le cas de la chaîne de cœur. 

3. Les soins pendant l’enracinement

Il ne reste plus qu’à installer notre bouquet de boutures à un endroit chaud et lumineux. Évitez cependant qu’il soit directement au soleil. L’eau pourrait trop chauffer sous les rayons, surtout en été, et tuer les racines. 

L’eau est à changer régulièrement, pour renouveler l’oxygène et permettre aux futures et nouvelles racines de respirer correctement. Sur ce point, il y a deux écoles. Celle qui change l’intégralité de l’eau tous les deux jours. 

Et celle qui préfère compléter le niveau d’eau quand il y en a besoin. C’est ce que je fais par manque de temps, mais il y a un véritable argument derrière cette logique. Les plantes, lorsqu’elles racinent, produisent une hormone qui stimule la croissance. Celle-ci se propage dans l’eau. Si on change toute l’eau, on perd cette précieuse hormone. 

D’ailleurs, si vos plantes mettent du temps à faire des racines en eau, vous pouvez glisser une bouture de pothos doré (Epipremnum aureum) dans votre bouquet. Cette plante produit de grandes quantités d’hormones de croissance qui vont stimuler toutes les boutures présentes dans le même bocal.

4. Quand rempoter les boutures en eau ?

Par expérience, l’enracinement en eau de la chaîne de cœur est long, très long. Et ce n’est pas parce que vous découvrez une petite racine qui pointe le bout de son nez que votre bouture est prête à être rempotée. 

Ne soyez pas si impatient(e), même si je vous comprends complètement. 

Il nous faut attendre l’apparition des racines secondaires. La première racine est la racine primaire, un peu comme un tronc. Les racines secondaires vont émerger de la racine primaire, comme des branches. Ce sont elles qui partent à la recherche de nourriture pour la plante. Quand elles font plus d’un ou deux centimètres, il est temps de rempoter notre bouture.

5. Le rempotage des boutures

Choisissez un substrat adapté à votre plante, c’est-à-dire aux besoins qu’elle aura une fois planté et à son statut de bébé. J’utilise un terreau pour semis, plus fin et sans engrais qui pourrait brûler les jeunes racines. Je rajoute au moins 30 % de perlite ou de sable grossier, puisqu’une fois installée, la chaîne de cœur apprécie un sol drainant qui sèche rapidement. 

Une fois les boutures plantées, nous allons garder notre pot au chaud et à la lumière. Et surtout, nous allons garder le substrat bien humide les premières semaines, le temps que les racines aquatiques se transforment en racines terrestres. 

Ensuite, quand elles auront repris (vous allez voir apparaître de nouvelles feuilles), il sera temps de réduire progressivement les arrosages jusqu’à arriver à l’entretien “classique” d’un Ceropegia woodii.

Bouturer la chaîne de cœur en terreau

Le bouturage en eau est facile, mais je lui trouve deux points faibles : 

  • l’enracinement est assez long chez la chaîne de cœurs
  • il y a toujours un risque de perdre des boutures au moment du passage en substrat

L’alternative, c’est de bouturer directement dans le substrat. C’est tout aussi simple à mettre en place et l’enracinement est, je trouve, beaucoup plus rapide.

Matériel

Pour bouturer la chaîne de cœur en terreau, il vous faudra : 

  • une chaîne de cœur en pleine forme (sauf s’il s’agit d’un sauvetage) ;
  • un sécateur ou une paire de ciseaux bien aiguisée (pour une coupe nette) et désinfectée (pour éviter toute contamination venant d’une autre plante) ;
  • des petits pots au fond percé pour l’écoulement de l’eau (nettoyés si c’est du recyclage) ;
  • le substrat de votre choix.

Je préfère travailler avec un mélange de terreau à semis et perlite (20 à 30 %), mais vous pouvez aussi bouturer dans de la sphaigne, de la perlite pure, un mélange moitié-moitié de perlite et vermiculite, de la fibre de coco… Bref, choisissez le substrat qui vous convient.

Mode d’emploi

1. Le prélèvement et la préparation des boutures

Il est identique à la méthode précédente. Faites de préférence des boutures de deux nœuds, au cas où l’un d’entre eux ne reprendrait pas.

2. La mise en substrat

À ce moment, vous avez deux possibilités : 

  • piquer les boutures, tête en haut, dans le substrat, avec un nœud sous le niveau du sol et un nœud à l’air libre
  • coucher les boutures à la surface du sol, en mettant bien les nœuds au contact du substrat.

J’ai testé les deux avec la chaîne de cœur, sans grande différence dans la vitesse de l’enracinement. L’avantage de la seconde méthode, c’est que les deux nœuds peuvent s’enraciner, ce qui rend la plante un peu plus résistante. Mais elle prend plus de place.

Testez et choisissez celle qui répond le mien à vos contraintes et vos préférences.

3. Les soins pendant l’enracinement

Une fois vos boutures installées dans leurs pots, il va falloir les garder au chaud et à la lumière, en éviter le plein soleil aux heures les plus chaudes. Le substrat doit rester humide pour encourager la croissance de nouvelles racines. L’arrosage se fait avec délicatesse, pour ne pas déloger les boutures, avec de l’eau à température ambiante et si possible non chlorée

Vous pouvez d’ailleurs tout à fait les installer dans une petite serre ou sous une cloche, pour favoriser la chaleur et l’humidité. Pensez à ouvrir la serre ou la cloche une heure par jour pour renouveler l’air et éviter le développement des champignons pathogènes. 

Une fois que vos boutures ont fait leurs premières feuilles, vous pouvez retirer la cloche, puis espacer progressivement les arrosages pour arriver au rythme d’arrosage classique d’une chaîne de cœur. 

Le mélange de terreau à semis et perlite est parfait pour le bouturage

Un mélange de terreau pour semis et perlite convient très bien pour les boutures de la chaîne de cœur

La serre favorise l'enracinement des boutures de chaîne de cœur

La mise en serre permet de garder les boutures dans un milieu chaud et humide, parfait pour stimuler la pousse des racines !

Marcotter la chaîne de cœur

Le marcottage terrestre repose sur le principe du stolon. Certaines plantes, comme le fraisier ou certaines saxifrages, produisent de longues tiges au bout desquelles se développe une petite plante. Lorsque cette tige touche le sol, elle s’enracine et devient une nouvelle plante. 

Le marcottage terrestre, c’est la version artificielle du stolon. Facile à mettre en place, elle est très pratique pour densifier une potée ou “cacher” la base sans feuille de certaines lianes.

Matériel

Il ne faut pas grand-chose pour réaliser un marcottage terrestre  : 

  • une chaîne de cœur en pleine forme (sauf s’il s’agit d’un sauvetage) ;
  • un second pot (percé !) avec le substrat de votre choix (voir le paragraphe précédent) ;
  • du fil de fer et une pince coupante pour réaliser des “agrafes” ou, si vous en avez sous la main, des épingles à cheveux

Mode d’emploi

1. La sélection d’une tige

Techniquement, vous pouvez choisir n’importe quelle tige de votre plante, du moment qu’elle est assez longue pour atteindre le second pot, qui sera placé à proximité de la plante-mère. Dans le cas où vous cherchez à densifier votre potée, il faudra choisir une tige assez longue et souple pour atteindre le substrat au pied de la plante-mère. 

Dans les deux scenarii, je préfère choisir les lianes abimées, celles qui ont perdu leurs feuilles sur une partie (ou la totalité) de la tige.

2. La mise en place

Une fois la tige choisie, vous allez la plaquer sur le substrat, en vous assurant que les nœuds sont bien au contact du substrat. N’hésitez pas à appuyer légèrement avec les doigts. Comme la chaîne de cœur est souple, j’ai tendance à l’enrouler plusieurs fois. De cette manière, je peux avoir plusieurs nœuds au contact du sol, comme autant de futures plantes. 

Pour maintenir la tige plaquée au sol, découpez des morceaux de fil de fer et créez des U. Puis plantez-les dans le sol, comme un petit pont au-dessus de la tige. Enfoncez-les pour qu’ils coincent la tige contre le substrat. Si vous avez des épingles à cheveux, votre U est déjà formé, vous n’avez plus qu’à les planter.

3. Les soins pendant l’enracinement

Il ne vous reste plus à arroser avec une eau à température ambiante et, si possible non chlorée et à patienter ! Le substrat doit rester légèrement humide jusqu’à l’apparition des premières feuilles. Ensuite, vous pourrez espacer progressivement les arrosages.

Une fois que votre nouvelle potée est arrivée à un entretien classique pour une chaîne de cœur, vous pourrez couper la tige qui la relie à la plante-mère juste avant qu’elle ne touche le substrat. Utilisez un sécateur ou des ciseaux bien aiguisés et désinfectés pour éviter toute contamination.

Quand les boutures de chaîne de cœur ont fait leurs premières feuilles, il est temps de réduire l'arrosage

Une fois la reprise assurée, espacez progressivement les arrosages

Vous voici l'heureux(euse) propriétaire d'une nouvelle plante !

Et voilà, vous voici avec une nouvelle chaîne de cœur !

Alors, on la multiplie cette chaîne de cœur ?

Multiplier le Ceropegia woodii à la maison est assez facile et peut se faire de plusieurs manières. Je préfère bouturer la chaîne de cœur directement en terreau, qui me fait gagner de la place et du temps, mais vous pouvez aussi la bouturer en eau ou le marcotter.

La reprise est plus ou moins rapide selon la méthode, mais vous aurez rapidement de nouvelles plantes pour densifier la potée d’origine, créer une nouvelle potée ou même en distribuer autour de vous !

J’ai toujours trouvé qu’offrir des plantes, et plus particulièrement des plantes nées chez nous, était une belle idée, sincère et personnelle. D’ailleurs, c’est la Saint-Valentin bientôt, non ?

Si vous avez la moindre question, n’hésitez pas à la laisser dans les commentaires ou à me contacter directement. Je vous aiderai avec plaisir. 

Bon jardinage et profitez bien de vos plantes !

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