Il y a quelques mois, une abonnée m’a interpellé, complètement paniquée. Le terreau de son Philodendron ‘Pink Princess’ ne séchait pas. Même après trois semaines, il était toujours mouillé.
Un sol qui ne sèche pas en trois semaines ? Ce n’est pas normal. Quelque chose cloche, mais pas de panique ! Prenons le temps de poser le bon diagnostic pour ne pas aggraver la situation.
Voici les étapes à suivre pour déterminer pourquoi le sol de votre plante ne sèche pas et prendre les bonnes décisions pour la suite.

Au sommaire dans cet article
ToggleÉtape 1 : analyser les conditions de culture
Les conditions de culture, c’est le “climat” que nous donnons à nos plantes d’intérieur, leur environnement. Il est le premier facteur influençant la croissance de notre plante. Et dans l’environnement, la première chose à vérifier, c’est la lumière.
Est-ce que ma plante est correctement exposée ?
C’est la première question à se poser, car la lumière, on ne le dira jamais assez, est le plus important pour une plante. Sans lumière, pas de photosynthèse et donc pas de plante. C’est d’autant plus important que nos plantes d’intérieur sont généralement des plantes tropicales, qui ont des besoins en lumière bien plus importants que les plantes qui poussent naturellement sous nos latitudes.
Un manque de lumière ralentit le fonctionnement biologique de nos plantes, qui consomment du coup moins d’eau. Dans le cas de cette ‘Pink Princess’, elle était effectivement un peu trop loin de la fenêtre.
Les Philodendron aiment la lumière, et les variétés panachées encore plus. Nous avons donc déplacé cette plante à proximité immédiate d’une fenêtre, où elle recevra un peu de soleil direct en fin de journée.
Mais la lumière n’est pas le seul élément à prendre en compte.
Est-ce que la température et l’humidité sont adaptées ?
La température et l’humidité ambiante influencent aussi la croissance de nos plantes vertes et donc la quantité d’eau qu’elles consomment.
Les Philodendron apprécient une température au quotidien comprise entre 18 et 25 °C, ce qui correspond à nos intérieurs. Dans notre cas, rien à signaler, la plante était installée dans une pièce de vie, à 19 °C.
Mais si elle avait été installée dans une véranda par exemple, avec des températures autour de 15 °C, cela aurait pu être la cause d’un ralentissement du métabolisme de notre plante.
Côté humidité ambiante, rien à signaler non plus. Les Philodendron se contentent facilement d’une humidité ambiante de 50 % et plus, ce qui était le cas ici.
Mais dans des cas d’humidité ambiante très importante (80 % et plus), les plantes consomment beaucoup moins d’eau par les racines.

Les conditions de culture, en particulière la lumière, ont une forte influence sur les besoins en eau des plantes, et donc la vitesse de séchage du terreau.
Étape 2 : analyser les soins
Maintenant que nous avons fait le point sur l’environnement, passons à l’étape suivante, les soins apportés à la plante en détresse. Car ils sont tout aussi importants que les conditions de culture pour la bonne santé de nos précieuses plantes.
Quand ai-je arrosé la dernière fois ?
Dans notre cas, c’est-à-dire un sol qui ne sèche pas, la question de l’arrosage est très importante. Elle montre, d’une certaine manière, l’étendue des dégâts.
Si le dernier arrosage remonte à 5 ou 6 jours alors que, normalement, vous arrosez tous les 3-4 jours, je ne serai pas particulièrement inquiète. Peut-être que la luminosité est plus faible ces derniers jours ? Ou qu’il fait plus froid ? Ça expliquerait une réduction des besoins en eau de notre plante.
C’est dans ces moments que l’on comprend tout l’intérêt d’observer nos plantes d’intérieur régulièrement et d’avoir un journal pour notre jungle. Si nous connaissons les habitudes de nos plantes, il est bien plus facile de remarquer les problèmes avant qu’ils ne mettent en danger nos plantes.
Dans notre cas, le dernier arrosage remontait à trois semaines et le sol était aussi humide qu’un lendemain d’arrosage. L’exposition insuffisante repérée plus tôt n’explique pas une telle situation et laisse présager un problème au niveau du pot ou du sol lui-même.
Est-ce que mon pot est percé ?
Quand il s’agit de choisir un pot pour une plante, mon premier conseil est de choisir un pot possédant des trous de drainage au fond. Ce n’est pas pour vous embêter, ou pour vous empêcher d’utiliser des pots sans trou. C’est pour la bonne santé de vos plantes.
Les trous de drainage permettent l’écoulement de l’eau qui n’est pas retenu par le sol, ce qui évite la saturation en eau du terreau.
Pourquoi est-ce indispensable ? Parce que les racines, du moins les racines qui vivent dans le sol, ne supportent pas de rester constamment dans l’eau. Elles ne peuvent pas puiser d’oxygène dans le sol et s’étouffent. Après ça, c’est l’arrivée de la pourriture qui grignote la partie saine des racines jusqu’au cœur de la plante et la tue. Et ça peut être très rapide !
Cette noyade arrive aussi lorsque nous ne vidons pas les soucoupes ou les cache-pots après l’arrosage, laissant les plantes les pieds dans l’eau. À moins qu’il s’agisse de plantes semi-aquatiques, c’est une situation à éviter à tout prix.
Pour en revenir à cette pauvre ‘Pink Princess’, son pot était percé, mais l’eau ne s’écoulait pas par les trous de drainage lors des derniers arrosages. Ce qui ne veut dire qu’une seule chose… C’est le sol qui pose problème !
Dans quel état est mon sol ?
Il existe autant de substrats, c’est-à-dire de sols, que de jardiniers. Même si nous avons tendance, au moins au début, de nous contenter d’un terreau pour plantes vertes, les jardiniers et jardinières d’intérieur découvrent assez rapidement qu’il est possible de faire ses propres mélanges, plus ou moins complexes selon les envies.
Un sol se choisit selon les besoins de la plante et nos propres préférences. Et c’est là qu’apparaît un premier souci. Le sol de ce Philodendron était celui d’origine, c’est-à-dire celui de la pépinière qui l’a produit.
Vous et moi, en général, ne cultivons pas nos plantes comme une pépinière le fait. Et les méthodes de production ont beaucoup changé ces dernières années, ce qui rend les sols moins adaptés à nos manières de jardiner, en particulier à nos manières d’arroser.
Par ailleurs, un sol évolue au cours de sa vie. Certains finissent par disparaître, d’autres se tassent au point d’étouffer les racines. D’autres encore laissent passer l’eau sans en absorber une seule goutte.
Dans notre cas, le sol ne laissait plus circuler l’eau. En fait, il était comme une éponge qui absorbe, absorbe, absorbe l’eau sans en relâcher. Un substrat détrempé et accompagné d’une horrible odeur de vase.
Et ça, c’est le déclenchement de l’alerte rouge et le passage obligatoire à la prochaine étape.

Un pot ou un terreau mal adapté peut empêcher le terreau de sécher correctement.
Étape 3 : vérifier la santé des racines
Les racines, c’est à peu près aussi important pour nos plantes que la lumière. Sans racine, pas d’eau ni de nutriments. Il faut les voir comme la “bouche” de nos plantes. Les seules qui s’en passent, ce sont les plantes épiphytes, comme les Tillandsia, qui ont développé la possibilité de boire par les feuilles (ou plutôt les micropoils sur leurs feuilles, mais ce n’est pas le sujet du jour).
Dans un cas comme ici, où le sol est détrempé depuis un moment, vérifier l’état des racines est indispensable pour savoir comment réagir. Et pour ça, il faut dépoter délicatement.
L’idée est de ne pas détruire la motte, dans le cas où laisser la plante “sécher” serait suffisant. Le rempotage étant un stress, évitons-le s’il n’est pas indispensable.
Malheureusement, dans le cas de notre ‘Pink Princess‘, les racines avaient déjà pourri jusqu’à la base des tiges. Je le soupçonnais depuis le moment où elle m’a annoncé que le terreau sentait mauvais.
Étape 4 : choisir la bonne stratégie
Lorsqu’un terreau ne sèche pas, il y a trois stratégies envisageables. Elles dépendent de ce que vous avez identifié comme problème majeur et l’étendue des dégâts éventuels.
Stratégie 1 : laisser sécher le terreau
Si votre diagnostic indique qu’il s’agit principalement d’un manque de lumière, d’un petit coup de froid ou d’un arrosage trop fréquent, mais que les racines sont saines, vous pouvez opter pour laisser sécher votre plante.
Pour cela, il suffit d’installer votre plante d’intérieur à un endroit mieux adapté à ses besoins et d’attendre en gardant un œil attentif à son état de santé. Vous arroserez uniquement lorsqu’elle en montrera les signes, c’est-à-dire lorsque le sol aura séché de manière plus ou moins importante selon la plante.
Par la suite, reprenez des arrosages “normaux” en prenant soin de tester votre sol avant d’arroser. Un nouvel emplacement entrainera une évolution de la fréquence d’arrosage habituelle, de même que le temps de reprise de votre plante, c’est normal. Observez votre plante et n’hésitez pas à marquer les évolutions dans votre journal.
Stratégie 2 : rempoter dans un nouveau substrat
Si le sol est en mauvais état, mais les racines sont à peu près saines, et que le souci ne vient pas majoritairement des conditions de culture, vous pouvez opter pour un rempotage.
L’idée n’est pas de rempoter dans un pot plus grand, non. Vous pouvez même garder le même pot s’il est adapté à la plante. L’important cette fois, c’est de retirer le plus de sol trempé et abîmé possible pour pouvoir le remplacer par un terreau adapté à votre plante et votre manière de jardiner.
Faites attention, à cette étape, d’abîmer les racines le moins possible. Certaines sont très fragiles, d’autres moins, cela dépend des espèces. Mais en général, les plantes n’apprécient pas vraiment.
Donc ne vous inquiétez pas si vous observez un arrêt de la croissance pendant quelques semaines après le rempotage. C’est normal. Votre plante se remet de ses émotions. Installez-la à sa (nouvelle) place et arrosez-la normalement, en vérifiant votre sol avant pour ne pas apporter d’eau trop fréquemment.
Stratégie 3 : bouturer pour recommencer à zéro
Parfois, il est trop tard pour essayer de sauver les racines. C’était le cas de ce Philodendron. Quand les racines sont pourries jusqu’à la base de la tige, il ne reste que deux solutions. Baisser les bras et jeter la plante. Ou bien tenter le tout pour le tout et bouturer.
C’est la solution que mon abonné a choisie. Avec beaucoup d’appréhension et les moyens du bord, elle a coupé les tiges au-dessus du premier nœud sain, pour supprimer toutes les parties pourries des racines et des tiges. Et comme il s’agit d’une ‘Pink Princess’ dont la sève est rouge, autant vous dire que ça faisait un peu scène de crime dans sa cuisine.
Elle a installé ses boutures dans l’eau et près d’une fenêtre pour qu’elles reçoivent une lumière abondante. Puis, il a fallu patienter et elle les a observées au quotidien. Anxieuse et pleine d’espoir en même temps. C’est qu’elle y tenait à cette plante !

Le bouturage d’urgence sauve bien des plantes dont les racines ont disparu.
Un terreau qui ne sèche pas n'est pas forcément la fin de votre plante
Aujourd’hui, 8 mois plus tard, les boutures de ce Philodendron ‘Pink Princess’ ont toutes racinées et ont retrouvé leur place dans un pot. La plante en elle-même a déjà doublé de taille, avec des feuilles absolument magnifiques. Sa propriétaire a agi juste à temps et avec la bonne stratégie, ce qui lui a permis de sauver sa précieuse plante d’intérieur.
Nous avons tous eu ce genre d’accidents dans nos jungles et nous aurons toute notre vie. Parfois, c’est un problème d’emplacement et de lumière, d’autres fois une erreur d’arrosage ou un substrat non adapté. C’est normal. Je dirai même, c’est le quotidien d’un jardinier, en particulier lorsque nous adoptons une nouvelle plante.
L’important est d’être attentif.ve pour repérer les plantes en détresse, puis de poser le bon diagnostic. C’est stressant et un peu intimidant la première fois. Et si je me trompais ? Et si j’empirais la situation ?
Soyez méthodique, en allant du plus “vaste” (les conditions de culture) au pus précis (la santé des racines). Je vous ai fait une petite check-list pour ne rien oublier. Et si vous avez le moindre doute, je suis là pour vous guider et vous conseiller.

Nos plantes sont plus résiliences qu’on le pense, si on leur donne une seconde chance. Ne baissez pas les bras, elles vont repartir.
Bon jardinage et profitez bien de vos plantes.